L’estuaire du Faou, situé en fond de rade de Brest, est un territoire particulier qui se couvre et se découvre à chaque marée. Ces mouvements laissent apparaître tantôt un espace vaseux à marée basse, tantôt un espace maritime à marée haute. Cette particularité lui confère une biodiversité végétale et animale particulièrement riche.

 

L’estuaire du Faou : un site conchylicole actuellement sous exploité

 

Dans l’estuaire du Faou, la pratique de la pêche à pied de loisir n’est pas autorisée du fait de la qualité sanitaire dégradée des coquillages. Les professionnels de la conchyliculture peuvent, quant à eux, exploiter un type de coquillage : l’huitre, pour laquelle il existe de nombreuses concessions. Les huîtres de l’estuaire du Faou sont classées en état sanitaire « B », ce qui veut dire qu’avant d’être commercialisées, les huîtres doivent être mises en bassin de purification afin d’être décontaminées.
L’estuaire du Faou possède également un gisement important de palourdes, qui, à la différence des huîtres ne peuvent être commercialisées. Les palourdes sont actuellement « non classées » du fait des teneurs en bactéries fécales trop élevées. Le fait de pouvoir consommer les huîtres et non les palourdes résulte du fait que ces deux coquillages n’ingèrent pas et ne stockent pas de la même manière les bactéries. Ceci peut être expliqué par le mode de vie différent de ces coquillages : les palourdes vivent dans le sédiment et les huîtres, dans l’eau libre. De même, la décontamination des huîtres est plus rapide que celle des palourdes.

Classement sanitaire des zones conchylicoles :

 

L’estimation de la qualité microbiologique de la zone est basée sur les données acquises par la surveillance régulière du réseau Ifremer “REMI sur des périodes de trois années consécutives (année calendaire). L’interprétation des données se fait par rapport aux seuils microbiologiques en vigueur (Règlement (CE) n° 854/2004[1], complétés des dispositions du code rural (figure 1).

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Figure 1 : exigences réglementaires microbiologiques du classement de zone (Règlement (CE) n° 854/2004, arrêté du 06/11/2013[2])

[1] règlement (CE) n° 854/2004 du Parlement Européen et du Conseil du 29 avril 2004 fixant les règles spécifiques d’organisation des contrôles officiels concernant les produits d’origine animale destinés à la consommation humaine.

[2] Arrêté du 6 novembre 2013 relatif au classement de salubrité et à la surveillance des zones de production et des zones de reparcage des coquillages vivants.

Quelles sont les origines des bactéries fécales ?

 

La présence des bactéries fécales dans l’eau est naturelle. En effet, ces organismes tels que les Escherichia coli sont présents dans tous les organismes à sang chaud tel que les humains, les bovins, les porcs, etc. Cependant, leur présence en excès dans les cours d’eau est indicatrice de perturbations tels que :

  • des dysfonctionnements de stations d’épuration
  • des mauvais branchements aux réseaux d’assainissement
  • des assainissements individuels non conformes
  • des mauvaises gestions d’effluents d’élevage
  • des déjections animales à proximité ou dans les cours d’eau
  • des rejets directs

L’EPAGA mène des actions sur le bassin versant du Faou

 

Depuis 2017, l’EPAGA a réalisé des diagnostics sur l’ensemble du bassin versant du Faou pour déterminer les sources potentielles d’apports en bactéries fécales aux cours d’eau puis dans l’estuaire. Les communes concernées par cette étude sont : Le Faou, Rosnoën, Pont-de-Buis, Hanvec et Lopérec. Parallèlement à ces observations, de nombreux prélèvements d’eau ont été réalisés et de nombreux acteurs du territoire ont été rencontrés.

carteBV

Ces diagnostics ont abouti en 2019 à la rédaction d’un programme d’actions visant à réduire les contaminations fécales autour de 4 axes :

axes de travail

Analyse des bactéries Escherichia coli dans les palourdes

Depuis 2018, l’EPAGA mesure la concentration  en Escherichia coli dans les palourdes du Faou grâce à l’implication de pêcheurs à pied et une autorisation spéciale délivrée par la préfecture maritime.

Les résultats sont présentés ci-dessous.

Les teneurs les plus élevées analysées dans les palourdes ont lieu plutôt à l’étiage : l’été et en début d’automne, cela correspond à la période de l’année où les débits des cours d’eu sont les plus bas.

L’EPAGA accompagne les agriculteurs

 

Grâce à un financement européen LEADER accordé par la Pays de Brest, l’EPAGA a rencontré, entre 2019 et 2021, 48 exploitants agricoles, dont 23 avec une activité de polyculture élevage ayant leurs sièges d’exploitation sur le bassin versant du Faou.

Des diagnostics agricoles ont été réalisés et ont permis de prioriser l’accompagnement des agriculteurs en tenant compte des contraintes budgétaires et de l’engagement des agriculteurs dans la démarche.

En 2021, ce programme d’accompagnement est entré dans la phase opérationnelle en réalisant plusieurs travaux :

  • des travaux sur cours d’eau en octobre 2021 : 2 remplacements de buses non adaptées, mise en place de 2 buses sur cours d’eau et aménagement d’un gué à bovins empêchant ainsi le passage d’animaux dans le cours d’eau. Le montant des travaux est de près de 16 000 € TTC.

Avant travaux

Après travaux : réalisation d’un gué

  • les diagnostics agricoles ont mis en évidence des problématiques de gestion des eaux pluviales, aussi, 7 études hydrauliques dans les exploitations du bassin versant du Faou ont été réalisées 2021 pour un montant total de 14 000 € TTC.

Ces études aboutiront sur des aménagements tels que la réalisation de bassins de rétention, de fossés végétalisés et de tranchées d’infiltration pour un montant total de 25 000 € TTC. Ces travaux seront réalisés sur le premier semestre 2022.

Actions de communication :

 

Afin de communiquer auprès de la population sur les actions en cours, des kakémonos ont été conçus. Ils sont consultables en cliquant sur les images ci-dessous.

Une vidéo a été réalisée début 2022 : https://youtu.be/fdFzznVRr6M