De la même famille que les sardines (clupéidés), les grandes aloses (Alosa alosa) ont également les flancs argentés. Elles se nourrissent principalement de plancton et se déplacent en vastes bancs. Mais leurs ressemblances avec leurs cousines s’arrêtent là ! En effet, les aloses ont une taille imposante entre 42 et 62 cm et, surtout, un mode de reproduction très particulier.
La Grande Alose est un poisson migrateur amphihalin, c’est à dire qu’il doit se déplacer dans l’eau douce et dans l’eau de mer pour réaliser son cycle de vie. Comme le saumon, les Aloses ne peuvent se reproduire qu’en rivière.
Autrefois très abondante des côtes du Maroc à celle du Danemark, elle n’est maintenant présente que dans certains fleuves français et portugais.
1.Après 3 à 7 ans passés non loin des côtes de l’Atlantique et de la Manche, les grandes aloses viennent se reproduire en rivière. Dans l’Aulne, la migration débute dès que la température des eaux dépassent 11 °C et dure jusqu’à la fin de la période de reproduction. Habituellement, la grande Alose de l’Aulne migre entre le mois d’avril et le mois de juillet, avec un pic au mois de mai.
2.Une fois en rivière, les aloses se rassemblent dans des zones profondes où elles patientent jusqu’à ce que les conditions soient favorables à la reproduction (température > 13.5 °C et vitesse de courant adéquate). Elles vont alors alterner les déplacements sur les zones de reproduction (frayères) et les phases de repos en eau profonde. Elles continueront à se reproduire jusqu’au mois de juillet. La quasi-totalité des individus mourront d’épuisement durant la reproduction.
Banc d’aloses en migration dans l’Aulne, Eric Croguenec, SMATAH
Chez ce poisson, la reproduction nécessite une véritable danse nuptiale. Le mâle et la femelle, nageant vigoureusement de concert, font des cercles à la surface de l’eau durant lesquels les œufs sont émis puis fécondés. Ce comportement, très bruyant, est surnommé “bull“. Il permet d’estimer le nombre d’aloses en train de se reproduire. Il se déroule uniquement de nuit.
Bull d’aloses
Les œufs, émis en eau libre, partent à la dérive dans le courant et se collent à la première surface qu’ils touchent. Ainsi, les zones de frayères choisies par les aloses doivent respecter des caractéristiques bien précises pour assurer la survie des œufs :
Une première zone profonde (entre 1 et 1,5 mètre) de plat courant ;
Suivi d’une seconde zone de type radier avec un courant turbulent et un fond constitué de galets et de pierres.
Ainsi, les œufs sont emportés dans la zone turbulente où ils se collent aux pierres tapissant le fond. Le brassage continuel de l’eau leur assure une oxygénation optimale jusqu’à l’éclosion (environ 7 jours après). Si les œufs se retrouvent dans une zone plus lente et plus vaseuse, ils mourront asphyxiés.
3.Les larves vont grossir très rapidement pour devenir des alosons qui ont le même comportement grégaire que les adultes. Ceux-ci vont rester en rivière entre quelques semaines et quelques mois avant d’entamer leur migration vers la mer.
Une espèce en danger
En France, les importantes populations présentes sur le bassin de la Gironde et de la Loire ( 100 000 – 500 000 individus) se sont écroulées au début des années 2000. Actuellement, elles ne dépassent plus les dizaines de milliers d’individus les meilleures années. La situation est aujourd’hui tellement alarmante qu’en 2019, l’IUCN a classé l’espèce en danger critique d’extinction sur la liste rouge des espèces de poissons d’eau douce. C’est la dernière classe avant le statut éteint.
Sur l’Aulne, grâce au système de vidéo comptage installé dans la passe à poissons de Châteaulin, les aloses sont dénombrées depuis plusieurs années. L’évolution de leur population était inquiétante : en 2012, à peine 152 aloses ont été comptabilisées contre plus de 6000 en 2004 et 2005.
Il semble heureusement que les ouvertures de pertuis mises en œuvre depuis 2014 commencent à porter leur fruit avec une augmentation des remontées sur l’Aulne depuis 2018 alors que la baisse continue sur la Vilaine ou la Loire.
Aujourd’hui, les remontés dénombrées sur l’Aulne sont les plus importantes connues en Bretagne.
Une solution : permettre l’accès à de nouvelles zones de reproduction
Aujourd’hui, sur le bassin de l’Aulne, la Grande Alose ne peut accéder qu’à un seul secteur possédant les caractéristiques idéales pour sa reproduction : l’aval de l’écluse de Coatigrac’h. En effet, seuls les deux premiers barrages déversoirs de l’Aulne canalisée sont équipés de passes à poissons adaptées à l’espèce. Les 26 autres ouvrages de l’Aulne canalisée ne sont aménagés que pour les poissons capables de sauter. L’Alose, bonne nageuse mais piètre sauteuse, reste bloquée : La continuité écologique est dégradée.
Et pourtant, une autre zone propice pour la reproduction de la Grande Alose se situe quelques kilomètres en amont, au pied de l’écluse de Trésiguidy. Cette seconde zone augmenterai substantiellement les habitats disponibles pour le grossissement des alosons. De plus, elle limite le risque qu’une pollution ou un accident à Coatigrac’h détruise l’ensemble de la population de l’Aulne.
Il faut par exemple se rappeler la pollution occasionnée par l’unité de méthanisation de Châteaulin en aout 2020 qui avait rejeté d’énormes quantités de digestat très chargé en ammoniac, composé très toxique, voire létal, pour la faune piscicole. Une telle pollution lors de la période de croissance des alosons, pourrait causer leur destruction presque totale.
Malheureusement, l’alose est incapable d’atteindre cette seconde frayère à cause de la présence de 5 barrages déversoirs. Depuis 2014, une opération innovante est menée afin de faciliter leur franchissement : l’ouverture des pertuis. Néanmoins, la rénovation des passes à poissons est aussi à l’étude.
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