La continuité écologique ?

La continuité écologique des cours d’eau correspond à la circulation des organismes aquatiques et des sédiments. En effet, les cours d’eau sont des voies de communication obligatoires pour de nombreux animaux mais permettent aussi le transport de quantités importantes de matières solides (limon, sable, gravier), indispensables à l’équilibre naturel du cours d’eau.

C’est un élément essentiel du bon état d’une rivière.

_MG_4623

Saumon Atlantique en migration dans l’Aulne, Gouézec, Pascal Laugier, EPAGA

Pourquoi est-elle importante ?

La continuité écologique est nécessaire pour le maintien de la biodiversité, mais aussi pour éviter qu’un cours d’eau soit envasé et que les berges soient fragilisées.

Pouvoir se déplacer est primordial pour tous les animaux. Se nourrir, atteindre des zones de repos ou de reproduction, fuir ses prédateurs ou recoloniser une zone après une pollution ou une sécheresse, toutes ces actions importantes à la survie d’une espèce deviennent complexes lorsqu’elle est incapable de sortir de l’eau pour contourner l’obstacle qui se trouve devant elle.

Pour les poissons migrateurs, la continuité écologique est encore plus indispensable. En effet, ils sont dans l’obligation de se déplacer sur d’importantes distances pour pouvoir réaliser les différentes phases de leur cycle de vie. Bien souvent, rester bloqué signifie pour eux la mort.

L’anguille et le saumon, deux poissons migrateurs pour qui la continuité écologique est indispensable, Bretagne Grand Migrateur et Fédération de pêche 29

La circulation des sédiments est indispensable pour que le cours d’eau garde son équilibre naturel. En effet, si les sédiments sont bloqués, par un barrage par exemple, ils vont s’amasser et envaser le fond de la rivière. A l’inverse, ils vont manquer plus bas et la rivière va s’enfoncer puis les berges vont s’écrouler.

Amas de sédiments dans l’Aulne à Pont triffen, Landeleau et effondrement de berges plus en aval à Plonevez du Faou, Sylvestre Boichard, EPAGA

L’EPAGA a réalisé une courte vidéo afin de comprendre l’importance de la continuité.

Comment est-elle menacée ?

La principale cause de dégradation de la continuité écologique de nos cours d’eau est liée aux barrages. 

Image1

Barrage de Guilly Glaz, Châteaulin

Pour permettre la navigation, exploiter l’énergie hydraulique ou pomper de l’eau, plus de 60 000 barrages ont été construits en France. Une grande partie d’entre eux bloque la continuité écologique.

Sur le bassin de l’Aulne, à cause des barrages, seul 3 % du linéaire des grands cours d’eau est accessible aux poissons migrateurs La situation est donc très dégradée !

Mais un passage busé mal positionné, un radier de pont trop haut ou encore un amas de tronc d’arbre peuvent aussi bloquer toute circulation. Ainsi, aujourd’hui, de nombreuses rivières françaises sont fragmentées. La biodiversité et les usages présents sont en périls tant que des actions ne seront pas menées en faveur de la continuité.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Passage busé bloquant la circulation des poissons, Collorec, Caroline Rodriguez-Sardeing, EPAGA

Seuil de moulin faisant obstacle à la continuité écologique, Sylvestre Boichard, EPAGA

Comment la restaurer ?

Si la restauration de la continuité écologique est une obligation réglementaire sur de nombreux cours d’eau, les moyens de réalisation ne sont pas détaillés dans les textes de loi.

Diverses solutions sont donc possibles:

  • La plus utilisée mais aussi la plus coûteuse à long terme est la création d’un dispositif artificiel de franchissement.  L’aménagement de ce type le plus connu est la passe à poissons, sorte d’échelle à poissons transformant une grande chute d’eau en une série de petites chutes plus facilement franchissables. Néanmoins, cette solution ne règle pas le problème du transport des sédiments.

Seuil de Prat Pourric équipé de sa passe à poissons, Châteauneuf du Faou Sylvestre Boichard, EPAGA

Ouverture de la vanne de Toul Ar Rodo, Saint Coulitz, Sylvestre Boichard, EPAGA

  • Lorsque le barrage est mobile, il est parfois possible de mettre en place un protocole de gestion des vannes. Cela consiste à ouvrir les vannes à différentes périodes de l’année (saison de migration, crue, …) pour permettre aux organismes aquatiques et aux sédiments de passer. Cette solution a été testée sur l’Aulne canalisée, avec l’expérimentation d’ouverture des pertuis.
  • Dans certains cas, il est possible de créer une échancrure dans le barrage ou de diminuer sa hauteur.

Echancrure dans un radier de pont, Lennon, Sylvestre Boichard, EPAGA

  • Enfin, la dernière solution est de supprimer le barrage. Ce n’est parfois pas envisageable en raison d’enjeux économiques importants liés à la présence du barrage (production hydro-électrique, eau potable, navigation, réserve incendie , …). Néanmoins cette solution est aussi la plus efficace et souvent la moins coûteuse.

Suppression d’un passage busé inutile, Plonevez du Faou, Sylvestre Boichard, EPAGA

Pour en savoir plus :